Biennale d’art contemporain de Lyon : l’humain est de retour !

10ème Biennale de Lyon, 2009

Biennale de Lyon : l’humain est de retour !

A la suite d’un petit sondage effectué dans mon entourage , très peu de Lyonnais de plus de 40 ans ont visité la Biennale, excepté quelques artistes et galeristes.

En effet, la rumeur du discours qui l’accompagne a de quoi en rebuter plus d’un. Pourtant, cette biennale 2009 est beaucoup plus humaine qu’intellectuelle, ce qui paraît logique au vu du thème : « Le Spectacle du quotidien ».

Il est encore temps de se rendre à Lyon, à la Sucrière, sur les docks, quai Rambaud, et au MAC, quai Charles de Gaule, pour vivre des émotions exceptionnelles, car cette biennale est expressement humaine.

A la Sucrière, si nous dépassons rapidement les sempiternels camions tagués, renversés, et les vidéos pénibles, nous ne pouvons rester froids  devant l’oeuvre magique de l’Espagnole Eulalia Valldosera, théâtre d’ombres d’archétypes féminins ;

ou devant l’oeuvre du chinois Yang Jiechang : Quand nous pénétrons dans ce petit espace d’exposition, le champ visuel est totalement occupé par la présence massive d’un meuble dont les tiroirs à claire-voies présentent, bien rangés, comme des objets de fouilles archéogologiques, des reproductions d’os humains en porcelaine traditionnelle chinoise, peinte de motifs bleus, crânes, têtes de fémurs, maxilaires inférieurs,……Non, ça n’est pas morbide, car les objets sont des artefacts, non des restes humains. Ils nous émeuvent sans blesser notre sensibilité. En plus, nous pouvons participer à la démarche artistique de Yang Jiechang qui a prodit l’oeuvre en partenariat avec  l’association lyonnaise Entretemps qui a pour mission d’héberger en urgence dans des foyers d’accueil des femmes maltraitées. En échange d’un don à l’association, j’ai reçu un os en porcelaine chinoise. Quel bonheur d’effectuer une action caritative, solidaire et artistique en même temps ! Je suis rentrée à la maison avec mon os, ravie ! Et j’ai pu voir  avec joie un tableau de cet artiste à la FIAC au Grand Palais à Paris, quelques semaines plus tard…très cher !

Ces os en porcelaine évoquent les morts de la révolution chinoise, les morts de la répression des étudiants, place Tien An Men, en 1989, date à laquelle Yang  Jiechang quitte son pays.

J’ai également été touchée par l’oeuvre délicate de l’Indonésien Edo Nugroho, réalisée lors de sa résidence à Vaulx en Velin (banlieu de Lyon) ; ce manège d’ombres de personnages, à mi-chemin entre les contes d’orient et la vie en occident fait preuve d’une délicieuse mixité culturelle.

Au MAC (Musée d’Art Contemporain de Lyon), Java’s machine d’un autre artiste indonésien, Jomp Kuswidananto, rapelle un peu l’idée de nos soldats de plomb. Mais, dans cette installation, seuls des uniformes vides, à échelle humaine, défilent au son des tambours, pointant l’orgueil et la vanité du pouvoir militaire.

Oui, cette biennale est globale ! Elle présente le monde dans sa diversité humaine !

Non, tout l’art contemporain n’est pas dans une impasse ! Il bouillonne de créativité en tout lieu de la planète, chaque artiste travaillant avec son histoire personnelle, celle de son pays, et de multiples médiums qu’il mixe.

Le Guide-livret donné à la billetterie est très bien fait et permet de mémoriser les noms étrangers, compliqués pour nous occidentaux. Alors, n’hésitez pas avant la clôture, le 3 janvier 2010.

A propos Françoise Delaire

historienne de l'art
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