Les relations entre l’art et l’entreprise se déclinent en thèmes bien connus : politique de mécénat, fondation, résidence d’artistes, art utilisé comme détour pour résoudre un problème managérial…..
Loin des clichés romantiques, nous pouvons aussi faire un parallèle entre l’artiste et l’entreprise. Comme cette dernière, il a des fournisseurs, des clients, des partenaires, des intermédiaires. Il doit toujours se réinventer ; l’imagination et l’action servent la créativité de l’un comme de l’autre ! Les artistes, eux aussi, évoluent dans un univers concurrentiel stimulant – pensons aux relations entre amitié et compétition entre Picasso et Matisse – Ils doivent faire de la promotion… avoir une sorte de « stratégie de marque« , développer de nouvelles perspectives dans un univers mondialisé…et gagner leur vie/de l’argent.
Le travail de l’artiste-chercheur Yann Toma, Président à vie de l’entreprise Ouest Lumière pointe ces enjeux. Comment résumer la conférence d’une heure trente publiée le 7 novembre 2009 sur Dailymotion ? En 1991 Yann Toma occupe le site désaffecté d’une ancienne entreprise de distribution d’énergie à Puteaux, près de Paris. Cette activité ayant été nationalisée en 1946, il réactive le nom « Ouest Lumière », puis rachète Est Lumière, Nord Lumière et Sud Lumière, acte artistique entrepreneur. Il accomplit un travail d’archivage et de documentation des objets trouvés sur le site. En 2000 il achète un ancien transformateur pour entreposer les archives reconstituées de l’entreprise disparue, acte de post-modernité industrielle, puis développe Ouest Lumière comme entreprise fictionnelle, dessine un nouveau Logo « qui ne veut rien dire ». L’ activité d’Ouest Lumière est la distribution d’énergie artistique. Les oeuvres crées, comme cette installation Flux radiant, sont les produits dérivés. Ouest Lumière a des actionnaires venant de toutes les classes sociales, un conseil d’administration, un comex, des abonnés radieux, différentes directions et services, présentées en schémas compliqués. Le président Yann Toma et ses colaborateurs organisent des campagnes de publicité, investissent dans la recherche…. Les actionnaires peuvent souscrirent des parts de jouissance, facteur de jubilation… Yann Toma est intarissable ! Entreprise poétique, parodie de l’entreprise, entreprise critique… Il utilise le vocabulaire entrepreneurial en le détournant. Yann Toma est aussi chercheur au CERAP (Centre d’Etudes et de Recherches en Arts Plastiques) à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Je trouve cette démarche artistique, riche de sens multiples, très intéressante car elle pose plein de questions. Et vous, qu’en pensez-vous ?