Henry Moore au Musée Rodin : un peu déçue

Locking Piece, 1963-64

  Etait-ce parce qu’il faisait si froid  ce samedi de décembre ? Etait-ce parce que j’avais d’abord emmené mon ami américain visiter l’Eglise Saint Louis des Invalides et le colossal tombeau de Napoléon 1er ? Nous arrivons  gelés au Musée Rodin. La caisse passée, nous nous arrêtons dans la cour de l’hotel Biron devant cette sculpture d’Henry Moore, Le Verrou, et mon ami me demande :  » C’est en quoi ? C’est pas une vraie ! » Au sens propre, le matériau choisi par l’artiste fait « toc« . La  fibre de verre parraît encore plus choquante devant  ce bâti en pierres du XVIIIème siècle. Je me sens gênée. Pourtant, les deux formes imbriquées sont sensuelles et un peu effrayantes ;  elles me font penser à une tête d’éléphant évolutive. L’Arche de 1969, montée en face, est tout aussi décevante, pour les même raisons. Alors nous entrons dans l’hôtel particulier pour nous réchauffer et revoir les marbres extraordinaires d’Auguste Rodin et de Camille Claudel. Un vrai bonheur ! La finesse des visages et des mains, l’expression subtile des visages et des corps… et la préciosité du matériau ! Bon, il faut bien quand même aller voir l’atelier d’Henry Moore, sculptures et dessins, même si les pièces monumentales de la cour ne nous encouragent pas.

Henry Moore, Head, 1939

L’espace est étroit, encombré….intime comme un atelier d’artiste, celui d’Henry Moore à Perry Green.  L’ensemble, réuni par les commissaires Anita Feldman et Hélène Pinet, est très didactique : le visiteur peut comprendre comment la pensée du sculpteur évolue à partir de débris trouvés dans la nature, cailloux, coquillages, ossements,  etc. Ils lui inspirent des  formes humaines qu’il réalise ensuite en plâtre teinté de différentes nuances. Le parcours de l’exposittion est très bien explicité sur le site artactu.com. C’est intéressant, mais difficile à voir, car il y a du monde devant les petites vitrines , et on manque de recul pour apprécier   Reclining Figure: Angles, de 1979, coincée au centre de la salle à côté d’autres grandes figures en plâtre.  Ce matériau modeste acquière par les mains de Moore un aspect coloré, poli, brillant, étonnant !  J’aimerais voir les bronzes immenses dans le parc de la fondation Henry Moore, près de Londres, au printemps.

Encore une fois, la sculpture est une question de formes, de volumes et de matériaux. Les mêmes formes ne produisent pas du tout le même effet selon le matériau utilisé. Je m’étais fait la même réflexion en visitant l’exposition Arman à Beaubourg.

Je retournerai peut-être au Musée Rodin d’ici le 27 février, pour essayer de voir cette expo dans de meilleures conditions ; et je commencerai par l’atelier !

A propos Françoise Delaire

historienne de l'art
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1 réponse à Henry Moore au Musée Rodin : un peu déçue

  1. goldberger dit :

    Vous pourrez visionner sur le site du musée une vidéo située à Perry Green la fondation Moore en Angleterre, elle vous donnera un aperçu de comment les oeuvres sont présentées.
    Vous pouvez découvrir toute notre actualité sur notre page facebook.
    Merci de vous intéresser à notre programmation.

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