Expo INDIAN HIGHWAY VI au MAC, Lyon : Grande qualité des oeuvres, belle présentation !

Thukral & Tagra, Put it on (détail), 2011

  Je connaissais  Subodh Gupta, dont les oeuvres sont souvent présentées en France, par exemple au Jardin des Tuileries pendant  la FIAC 2010. Là j’ai découvert avec curiosité et plaisir 30 jeunes artistes indiens. Regardez ! Dès le hall du Musée d’Art Contemporain, on est accueilli par cet amusant papier peint de Thukral & Tagra. Chaque rose dissimule une saynette érotique différente. Je distingue une jambe nue de femme et une jambe d’homme en collant bleu, chaussée d’une botte rouge. Ce doit être Superman – il n’y a que lui pour s’habiller ainsi -, héros américain, très moral, mais peu sensuel. Clin d’oeil humoristique ?! Dans l’exposition on retrouve le même papier, couvrant les murs d’une chambre à coucher ; le lit est voilé de tulle blanc, des vêtements masculins et féminins sont accrochés à des patères, un tableau présente des divinités indiennes et le mode d’emploi illustré du préservatif ; au pied du lit attendent des tongs sur lesquelles  un préservatif est imprimé. L’installation fait référence à la religion indouiste, au mariage à l’occidentale, au sexe, au problème mondial du Sida. Le collectif d’artistes montre l’occidentalisation de la société indienne, les conséquences de la globalisation.. 

 Excepté cette idée générale, je me  demande quel est le fil conducteur de cette exposition, un peu catalogue, sans thématique déterminée. Les commissaires invoquent les flux migratoires, les problématiques tradition/modernité, mégalopole/ruralité, la mondialisation…  L’historien de l’art Gwilherm Perthuis, participant à une table ronde critique sur l’expo,   blog Les rendez-vous de la création contemporaine,  m’a fait comprendre ce qui est un peu gênant  :  » L’expo ne révèle pas de particularité indienne« . Même si on remarque des références à la tradition esthétique indienne comme celle de la miniature  pour Come Give Us a Speech de N. S. Harsha, 2008. Parmi la centaine de petits personnages, je reconnais Bill Gate, Ganesh, Gandi, Marcel Duchamp….

Jitish Kallat, Aquasaurus, 2008

 Ne manquez pas les véhicules-squelettes préhistoriques de  Jitish Kallat, présentés devant d’étranges portraits peints à l’acrylique par le même artiste. Dans les chevelures on distingue des paysages urbains ! Au deuxième étage du musée,

Valay Shende, Transit, 2008

 je suis impressionnée par le gigantisme d’une sculpture composée de milliers de pastilles en inox , Transit, de Valay Shende, 2010. C’est un camion à l’échelle 1, transportant au moins vingt personnes  assises sur la plate-forme, des hommes, des femmes, des enfants. Il faut regarder l’interminable vidéo dans les rétroviseurs pour comprendre qu’ils viennent d’un village lointain, très pauvre, pour travailler sur un chantier dans une mégalopole embouteillée.

Pour conclure, c’est une belle expo, très postmoderne !   Dans des salles spacieuses, le MAC propose des oeuvres très variées, plutôt faciles à aborder : peintures, sculptures, installations, performances, techniques mixtes. Itinérante, évolutive, après être passée par Londres, Oslo et Herning au Danemark, Indian Highway version IV s’est enrichie de quelques oeuvres à Lyon . Elle continuera à évoluer après le 31 juillet 2011, en s’installant à Rome, puis Moscou, Hong Kong, Singapour et Sao Polo, pour aboutir à New Delhi. Ceci permet d‘éviter l’autorité unique d’un centre dans la conception d’une exposition. Ainsi, chacun enlève et ajoute quelque chose. Il serait intéressant de voir tous les volets d’Indian Highway, et l’ensemble exposé au terminus. Dommage, ce ne sera pas possible pour moi !

A propos Françoise Delaire

historienne de l'art
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2 réponses à Expo INDIAN HIGHWAY VI au MAC, Lyon : Grande qualité des oeuvres, belle présentation !

  1. Margot dit :

    Pourquoi Valay Shende dans « Transit » a choisi d’utiliser des pastilles en inox, un matériau recyclable ? Pour exprimer la pauvreté ? C’est une question que je me pose, qu’en pensez-vous ?

    • Si je me souviens bien, ces pastilles en inox donnent au « camion » le brillant d’un bijou ; le charme indéniable de l’oeuvre est peut-être dû au contraste entre la modestie de ce matériau et son éclat ! La pauvreté s’exprime plus dans les vidéos sur les rétroviseurs qui font défiler des paysages de « zones » entre ville et campagne, en travaux…

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