Dynasty au MAM de la ville de Paris et au Palais de Tokyo : Hou la la !

Quelle drôle d’idée ! Un titre en anglais pour une exposition d’artistes travaillant en France ou nés en France ! Comme souvent, au palais de Tokyo, le titre permet mal d’imaginer le contenu de l’expo. On s’attendrait à découvrir d’éventuelles filiations établies par les commissaires entre les jeunes artistes exposés et des aînés reconnus ; mais non, pas du tout !  seulement des oeuvres récentes d’artistes de moins de 35 ans.

Heureusement, le ticket restant valable pour voir les  oeuvres exposées dans l’autre lieu un autre jour, je suis d’abord allée au MAMVP, puis, la semaine suivante, au Palais de Tokyo. Celà permet de souffler entre deux car il y a environ 80  oeuves dont beaucoup de vidéos !

Théo Mercier, Le Solitaire, 2010

Au MAM, une sculpture de Théo Mercier m’a beaucoup émue. Une sorte de peluche géante aux grands yeux bleus, solitaire, comme handicapée par sa taillle, à la fois douce et fragile, entre l’humain et l’ours blanc qui attend, sur sa banquise en liquéfaction, l’extinction irréversible de son espèce !

Comme tadahblog, j’ai été captivée par la vidéo Légende de Mohamed Bourouissa ; filmée au téléphone portable, façon « caméra cachée », le spectateur devient voyeur d’une activité illicite. La démarche du vendeur à la sauvette de paquets de cigarettes  peut très vite se transformer en agression. La violence est toute proche…Nous sommes aux aguets, comme lui. La police peut intervnir…Il va tenter de s’échapper…

Poussière, Yuhsin U. Chang

Je me suis sentie assez mal à l’aise au Palais de Tokyo. Dès la première salle, je suis incommodée par l’odeur provenant d’une énorme sculpture de poussière de Yuhsin U. Chang ! Cette espèce de monstre menaçant va-t-il se désagréger et m’ensevelir sous une avalanche….de poussière ?

Et la vidéo L’Heure du chevalde Bertrand Dezoteux ! Stoïque, je l’ai regardée du début à la fin :  suite confuse de scènes de vie rustique, labours à l’aide d’un antique instrument, tonte d’une brebis, poussin sortant de l’oeuf, danse folklorique, du Pays  Basque, paraît-il ; les « dialogues » en allemand sont sous-titrés en français, et ceux dans une autre langue inconnue pour  moi,- basque ? peut-être -, sous-titrés en allemand. Je n’ai rien compris. A la rigueur, pourquoi pas ? Avec l’art contemporain, c’est fréquent ! Mais, excepté, quelques images surréalistes, je n’ai pas vu d’intérêt esthétique non plus. L’ensemble est assez désagréable à regarder et à écouter. Avais-je besoin d’un médiateur culturel ? Pourtant les oeuvres plastiques ne devraient pas nécessiter un discours explicatif pour être appréciées par un spectateur habitué à l’art de son époque et instruit en la matière.

Au contraire, la vidéo Biarritz, du même artiste, exposée au MAM, m’avait agréablement  ramenée aux origines de la vie, le milieu aquatique ; et  je m’étais sentie un peu poisson.  Ce photographe et vidéaste de 28 ans me semble  intéressant et prometteur, mais il faut « s’accrocher » ! Même quand il explique lui-même son travail !

Jean-Xavier Renaud, Le Conseil municipal, 2008

Cette expo offre une profusion hétéroclite, une diversité  de  médiums : sculptures, installations, vidéos, mais aussi peintures, dessins délicats  ou provocateurs comme Le Conseil municipal de Jean-Xavier Renaud rappelant des caricatures colorées et drôlatiques.

Alors, me demanderez-vous ? Faut-il aller voir Dynasty avant le 5 septembre ? Oui ou non ? Et je suis gênée pour répondre.

N’y allez pas si vous n’êtes pas déjà bien familiarisé avec l’art contemporain. Si vous êtes initiés, vous pourrez découvrir de nouveaux artistes et quelques oeuvres intéressantes.

Malgré tout, je me suis souvent sentie frustrée devant la majorité des oeuvres, qui ne me touchaient pas. Est-ce vraiment ce qu’il faut apprécier en art aujourd’hui ?

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L’Art des Aborigènes d’Australie au Musee du Quai Branly

Rêve de l’emeu, Darby Jampijinpa Ross, fin XXème siècle, désert central d’Australie du nord

Non, ça n’est pas le titre d’une expo, mais ce que j’ai aimé dans « La Fabrique des images ». Peu de critiques en ont parlé. Je trouve tout de même  une interview explicative du commissaire  sur le blog « Culture sans censure ».

Je me  doute que le propos est anthropologique. Comment le cerveau humain fabrique-t-il des images ? Bien sûr, de manière différente selon les époques, les continents…. Je m’attends plus à un exercice intellectuel qu’à une visite contemplative et je choisis la compagne idéale, bien intello, scientifique dans le domaine de la biologie, et sensible à l’art. Si je suis perdue, elle saura m’expliquer le fonctionnement du cerveau humain pour la fabrique des images.

En fait, Il y a peu d’images mais  beaucoup de textes à lire, assez complèxes. Au bout d’une heure, nous étouffons dans les salles étroites et sombres conçues par Jean Nouvel, nous avons mal à la tête, mais le propos est intéressant ; donc, nous   persistons. Heureusement ! Epuisées, nous arrivons dans une salle consacrée aux images fabriquées par les Aborigènes d’Australie et nous sommes éblouies ! Les titres sont aussi poétiques et fantastiques que les images extraordinaires. Colorées, composées avec soin, témoignant de la valeur fondatrice du rêve pour ce peuple.

Le Rêve de l'Opossum, Peggy Napurrurla Poulson , 1932 ?

« Chaque Aborigène du désert incarne un nom, un chant de rêve qui lui donnent la mémoire de la terre » écrit Barbara Glowczewski dans livre des rêveurs du désert, peuple Warlpiri d’Australie.

Un petit conseil : Allez directement dans les dernières salles de l’exposition, vous vous régalerez ! seulement jusqu’au 17 juillet 2010.

Dîtes-moi si vous aimez aussi !

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Berlin : là où l’est et l’ouest se rencontrent

Karl Marx Allee, avril 2010

Cette avenue est si large que 4 chars d’assaut peuvent y avancer de front ! Dans ces immeubles monumentaux, équipés de tout le confort moderne des années cinquante, vivaient les dignitaires de la République Démocratique d’Allemagne. On se trouve à 100 mètres d’Alexander Platz.

 

 

Schönberg, ex-Berlin Ouest

A l’opposé, assez loin, au sud-ouest d’Alexander Platz, on découvre les petits immeubles coquets et colorés du quartier de Schönberg, lieu de permissivité de la ville depuis le début du XXème siècle.   A Berlin, la vie est cool, on ne court pas, on fait son travail tranquillement, ou bien on passe le temps, au café à lire la presse, gracieusement disponible, ou dans les parcs quand la météo le permet ; on ne speed pas pour gagner de l’argent, on ne speed pas pour le dépenser. C’est une ville où on n’est pas attiré par des objets de consommation à acquérir ! Ici les femmes ne portent pas de bijoux ! D’ailleurs, je n’ai pas vu une seule bijouterie pendant une semaine. Peut-être y en a-il sur le Kurfürstendam ? Mais je n’avais pas envie d’y aller. Berlin est dépaysante, comparée aux grandes villes françaises. Ou même, devrais-je dire, aux villes d’Europe de l’Ouest.

Le Bourgmestre de Berlin, Klauz Wowereit, dit :
« Berlin est pauvre mais sexy »
. En effet, la ville ne paraît pas riche, mais pas misérable non plus. On y vit simplement, sans ostentation. Le coût de la vie est assez bas ; au supermarché Kaiser, j’ai trouvé des cuisses de poulet à 3 euros le kilo – en promo, certes! – et en plus elles étaient bonnes ! Sexy ? je ne sais pas, peut-être parce que je ne suis pas sortie assez tard le soir.  Mais arty, sûrement.

S-Bahnhaltestelle Warschauerstrasse

Dans cette cité, le streetart est très présent ! Il colore les murs lépreux ! Graphs et tags sont partout !

Mural près du Oberbaumbrücke

Ce mural se trouve près du Watergate, une « boîte » au bord de la Spree, près du Oberbaumbrücke. De la terrasse, la nuit, on peut admirer l’immeuble Universal, tout illuminé, situé juste en face, sur l’autre rive.

Avez-vous remarqué ? Une accumulation de corps humains constitue cet ogre qui s’apprête à avaler un petit homme blanc, accroché au bout de son doigt.

Mur de Berlin, Niederkirchenstrasse (d'origine)

Dès la construction du mur séparant Berlin Est et Berlin Ouest, le 12 aout 1961, les graphiti et les tags apparurent…côté ouest …Mais pas sur la face Est car les habitants ne pouvaient pas atteindre le mur, précédé de terrains vagues, de fils barbelés et de miradors.

Berliner Mauer (d'origine)

Les amoureux d’art contemporain se régalent dans un des plus beaux musées de la ville : das Hamburger bahnhof-museum für Gegenwart, c.à.d. le musée d’art contemporain installé dans l’ancienne gare de Hambourg. La salle dédiée à Anselm Kiefer présente une sculpture intitulée Pavot et Mémoire devant une toile qui évoque le sol allemand, marqué par la guerre et les atrocités.

Berlin est une ville de mémoire, propice aux pélerinages sur les lieux où l’histoire du XXème siècle s’est articulée. On peut voir des mémoriaux partout !

Weimarer Republik Memorial, Kanzlerei

Sur la tranche de chaque plaque du Mémorial pour la République de Weimar figurent le nom, les dates et la fonction des hommes et femmes politiques morts pour leurs idées. Vous voyez ! ils sont nombreux ! Et la Chancellerie est grandiose ! peut-être un peu trop même.

Shoha Memorial

J’appréhendais la visite du Mémorial de la Shoha ; je n’y suis donc pas allée seule. Mais, quelle déception ! On déambule entre les stelles aux proportions variables ; on a l’impression de s’enfoncer, car elles sont de plus en plus hautes, mais je n’ai ressenti aucune émotion. C’est un comble ! Mon compagnon, non plus. Est-ce râté ?! Des enfants y jouent pendant la journée ; victoire de la vie sur la mort ! Des couples s’y embrassent la nuit à la sortie de la boîte de nuit toute proche. Bref, je ne suis pas convaincue, et les Berlinois avec qui j’en ai discuté ne le sont pas non plus. Ils m’ont conseillé d’aller plutôt au Jüdische Museum, beaucoup plus émouvant et très intéressant.

En conclusion, à une heure trente de Paris, par la compagnie Air Berlin, une escapade pas chère, dépaysante et reposante. En 2010, à Berlin, les valeurs de modestie et de partage  de l’Est retrouvent un sens ! Une destination indispensable pour un citoyen européen !

Berliner Mauer, Checkpoint Charlie, 2010 (mise en scène humoristique)

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Au Palais de Tokyo à Paris : une vidéo très poétique de Raphaël Zarka sur le skateboard

A propos de l’exposition Pergola, au Palais de Tokyo, je ne m’attarderais pas sur les oeuvres en carton de Charlotte Posenenske, analysées par Alexis Jakubowicz , sur les sculptures minimalistes de Valentin Caron, proche du design , ou sur les drôles de pneumatiques de Serge Spitzer. J’irai vite m’asseoir, confortablement devant la vidéo de Raphaël Zarka, Topographie du skateboarding, 2008, »afin de n’être [pas] fâché de venir au Musée pour ne rien voir ! » D’ailleurs, tous les visiteurs restent scotchés devant ce film accompagné de la musique de The Ventures.

Pourtant, le thème cher à raphaël Zarka, le skate board, n’a à priori rien de poétique, quoique … Après s’être intéressé à l’histoire du skateboard qu’il relate  dans un livre paru en 2005, Chronologie lacunaire du Skateboard, 1779 -2005, l’artiste-essayiste s’exerce à une approche esthétique.

Bob Burnquist

Ce jeu, devenu sport à cause des risques encourus, a de nombreux adeptes adolescents et adultes dans toutes les pays d’Europe et aux Etats-Unis. Les skater foncent, visant   l’annulation de la force gravitationnelle par la force centrifuge, désir illustré par la quête de  Bob Burnquist qui voulait faire le tour d’une évacuation d’égoût tubulaire, rêve  qui dura 30 ans.

Je me demande pourquoi si peu de communication sur l’oeuvre vidéo de Raphaêl Zarka ?! Même de la part du Palais de Tokyo ! Le skateboarding est il lié à une culture trop jeune ? trop populaire? contestataire ? Ah ces petits voyous qui esquintent les escaliers avec leur skate ! Ils ne respectent rien ! Ils sont libres ! Ivres de vitesse et de voltige ! Aucun obstacle ne leur résiste !

Cette pratique est à rattacher aux streetsarts, graphiti et tags.

Les skaters investissent « a bowle », une piscine vide, aux parois taguées, près de Los Angeles. Le grand soleil blanc et brulant du désert californien fait vibrer les contours des architectures, les figures filmées au rythme de la musique nous charment comme la chorégraphie d’un ballet contemporain.

Sincèrement, cette oeuvre mérite beaucoup mieux que l’attention qui lui est témoignée par les institutions !

Attention ! A voir jusqu’au 16 mai seulement !

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Nouvelle expo d’une des plus belles collections d’arts plastiques de Rhône-Alpes au Musée Paul Dini

L’expo du Musée Paul Dini, à Villefranche-sur-Saône,  intitulée « Le choix d’un collectionneur« , en vérité, le choix d’un couple de collectionneurs, Muguette et Paul Dini, présente les deux dernières donations. 6 et 7 de 2009.

Dans la partie principale du musée, l’espace Grenette, il est toujours agréable de revoir, dans la petite salle à droite, le superbe triptyque  de Pierre Combet-Descombes représentant les hauts-fourneaux de Chasse sur Rhône au début du XXème siècle ;

Pierre COMBET-DESCOMBES, Le Fer et le feu. Les Hauts-fourneaux de Chasse, 1911

Albert GLEIZES, Peinture à sept éléments, 1943

et, dans la petite salle à gauche, dédiée à Albert Gleizes, des oeuvres créées à l’époque de la communauté de Moly-Sabata, avec, en plus, un tableau de la donation Dini n° 7, Composition à trois éléments, de 1923.

Au premier étage, j’adore revoir ces petits paysages flamboyants et mouvementés,de François Auguste Ravier de la fin du XIXème siècle.

En revanche, les huiles sur toile de Jacques Truphémus, de 2005 et 2006, me laissent  froide ; elles sont palichônes, sur le thème d’intérieurs d’appartement ou d’atelier ! Mais elles sont plus intéressantes et sur une palette de tons plus variés que les oeuvres de 2008- 2009, exposées à la foire Art Paris. Pourtant, 24 heures après le vernissage, le 18 mars, toutes étaient vendues !? Bref, il en faut pour tous les goûts !

Dans l’espace Cornil, ouvert il y a quelques années, les oeuvres de jeunes artistes travaillant en Rhône-Alpes sont très bien mises en valeur. Là se révèle l’audace des dernières acquisitions-donations Dini, avec un Skull, assez « gore », de Mathias Schmied, un immense tableau argenté d’Ivan Fayard, un très bel abstract de 2006 de Stéphane BraconnierL’Hombre, des paysages urbains de Patrice Mortier, un tableau de Carole Benzaken,

Carole BENZAKEN, By Night (Mine), 2005

Je ne peux pas tous vous les montrer, il faut aller les voir !
Le Musée Paul Dini vaut le déplacement, à 20 kilomètres de Lyon ! Il offre un diaporama d’ une histoire de la peinture depuis 1865 à nos jours, illustrée par des oeuvres crées en Rhône-Alpes. Attention ! Il s’agit d’art fin XIXème, moderne et contemporain ! pas d’art régional ! Ce musée a ouvert en 2001 à Villefranche sur Saône, grâce au projet de la première donation de Muguette et Paul Dini (400 tableaux) qui, s’intéressant à la peinture, sont entrés en relation avec des galeristes et des artistes travaillant ou ayant travaillé dans la région où ils vivent.

A l’anglo-saxone, 80 % de la collection est due à la passion et la générosité d’une famille ! ça n’est pas fréquent en France ! Emulation oblige, d’autres donateurs l’ont complétée.

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Sturtevant au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris : Pas facile !

Déjà, le nom de cette artiste n’est pas connu du public ordinaire, même cultivé !  De plus, le titre en anglais non traduit
« The Razzle Dazzle of Thinking » peut rebuter les personnes qui ne sont pas des cracks en british ! Et je ne peux m’empêcher de penser à la remarque d’Alexis Jakubowicz dans son billet sur le blog En toutes subjectivités de Libération : « La plupart des gens vivent l’art contemporain comme une agression intellectuelle et sociale » Bon, j’ai un master d’histoire de l’art, j’ai lu l’article de Stéphanie Moisdon dans Beaux Arts Magazine n° 308 de février 2010 ; je suis curieuse…Je me lance ! Ce soir là, le public est constitué  d’étudiants en arts plastiques, un crayon et un bloc-notes à la main.

Felix Gonzalez-Torres, Rideau d'ampoules allumées, 1996

Oui, l’installation intitulée Gonzalez-Torres Untitled (America), 2004 est remarquable ! Mais, est-ce une oeuvre d’Elaine Sturtevant ou l’oeuvre du créateur d’origine réinstallée selon ses propres consignes ? En tous les cas, je suis sensible à l’aura de l’oeuvre qui n’a pas disparu. Voyez la photo de l’installation du « vrai crateur » dans le même lieu, au MAM de la ville de Paris, en 1996. On ne voit pas la différence. Et c’est ça qui est terrible !

L »installation 1200 sacs au plafond avec ready made de 1972, sorte de rétrospective Marcel Duchamp est impressionnante ! Dans une ambiance oppressante à cause des sacs de charbon qui menacent de nous tomber dessus, nous pouvons admirer, rassemblés , Le Porte-bouteilles, La Fontaine, La Bicyclette sur un escabeau, La Joconde L.H.O.O.Q… C’est sympa ! Mais, malgré les explications du catalogue de l’exposition, où il est fait référence à Michel Foucault et Gilles Deleuze qu’il va falloir relire – comme on dit – je ne comprends pas l’intérêt plastique de cette démarche !

Marcel Duchamp, Nu descendant un escalier, 1912

Ah oui ! Sturtevant est une critique d’art-artiste, particulièrement perspicace, car elle a répliqué des oeuvres qu’elle trouvait emblématiques, mais avant que ces artistes soient reconnus ! Certes, elle a été clairvoyante ! Mais, c’est compliqué…. Et puis, il y a tout de même un certain nombre d’années de décalage ; alors, je ne suis pas tout à fait convaincue.

En revanche, la projection murale Duchamp Nu descendant l’escalier  de 1967 est une interprétation très esthétique et très émouvante du tableau de 1912. Et le train fantôme The House of Horrors de 2010 est une vraie attraction artistiquement intelligente.

Sturtevant, Duchamp Nu descendant l'escalier, 1967

En conclusion, mon opinion est partagée…

J’aime et je n’aime pas. Elaine Sturtevant a créé peu d’œuvres originales mais son esprit critique et son savoir faire sont remarquables. L’expo « Sturtevant, la pensée tape à l’oeil » (traduction de la commissaire Anne Dressen) présente plus une démarche très bien expliquée par la critique d’art Stéphanie Moisdon : « Sturtevant cherche à se soustraire au processus créatif…Cet empêchement, cette suspension du plaisir, suspend la jouissance, la porte aux limites de la frustration, d’un forme de violence. » C’est exactement ce que j’ai ressenti !

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Strip-tease intégral de Ben au MAC Lyon : Bravo !

Ben, J'ai perdu mon épine dorsale en voulant plaire, 2006

Oui, le 3 mars 2010 à 20 heures, au 3ème étage du Musée d’Art Contemporain,  Benjamin Vautier s’est déshabillé , et ….en petit slip noir, arborant son corps de 75 ans, avec les plis et les kilos en trop, il harangue la foule : « Qu’est-ce que le beau ? Qu’est-ce que le laid ?… Je suis beau, j’ai envie de me baiser… Le sexe est plus important que l’art ! »

Auparavant il a posé un bouquet de fleurs sur le piano, puis l’a  enlevé (interprétation de la pièce n° 2 de Georges Brecht). Il a déchiré très lentement deux partitions devant un micro. Il a hurlé. Il a froissé un journal devant le micro et l’a laissé se défroisser. Il a lancé des bonbons  aux spectateurs pour qu’ils enlèvent le papier et soient sensibilisés aux sons ordinaires de la vie quotidienne. Il s’est renversé un seau d’eau sur la tête.

Ben Vautier a ainsi interprété plusieurs petites pièces de concert de Fluxus à partir de variations proposées par lui même.

En référence à un concert du groupe Fluxus à Francfort en Allemagne, dans les années soixantes, il a frappé sur le piano, l’a peint en blanc et  a planté des clous sur chaque touche. Il ne l’a pas brisé comme Georges Maciunas, John Cage et La Monte Young. A côté de moi, un jeune homme a dit : »Il est chtarbé, le mec ! » « Heureusement, lui ai-je répondu, sinon, qu’est-ce qu’on s’ennuierait ! »

Il est fort, Ben ! Il est courageux ! toujours créatif et provocateur !

Cette rétrospective qui dure jusqu’au 11 juillet est énorme ! 1500 pièces diverses exposées.

Je n’avais en tête que ses petites phrases manuscrites, poétiques, souvent politiques.Je les trouvais faciles et sans intérêt…J’ai découvert une création protéiforme, évolutive, cohérente, humoristique. Il est volontier scato (cf La Photo de mon cul. Dans son interview par G. Ducongé, Thierry Raspail, Directeur du MAC, dit : « Ben souhaite être léger, mais c’est un tragique . » Tout à fait d’accord ! C’est en celà qu’il est intéressant.son oeuvre est plaisante, drôle, comme ces peluches se tordant de rire. Mais elles pointent l’absurdité de l’existence.
Comment avez-vous trouvé la performance de Ben ? et l’expo ? Allez-y ! un grand moment de plaisir !

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Photographies d’artistes finlandais…à Paris, chez Vanessa Quang

Un froid finlandais régnait sur la capitale pour le vernissage, il y a déjà 10 jours !
Mais l’accueil est toujours chaleureux à la galerie !

Découverte de jeunes photographes finlandais, timides… charmants, ne sachant pas bien expliquer leur travail… bref, on est sous le charme ! Et Vanessa , la galeriste, nous guide dans leur univers.
Non, bien sûr, il ne s’agit pas de photos de la Finlande ! mais de créations personnelles de photographes plasticiens « A finnish vision ».

Jari Silomaki, My weather Diary, 2001-2010

Jari Silomäki, My Weather Diary, 2001-2010

Je suis époustoufflée par le « weather diary » de Jari Silomäki  ! Ce globe trotter a photographié chaque jour un lieu de la planète et l’a associé ,par une phrase manuscrite, imprimée dans le bas de l’image, à un évènement dramatique, ou non, survenu en un autre lieu de la planète. La plastique peut illustrer le drame qui se passe ailleurs ou être en totale opposition avec ce dernier, sereine…

Je reste bien 20 minutes à contempler les installations photographiques immenses de Tea Mäkipää afin d’en déceler  tous les détails. Les couleurs et la composition en  multiples seynettes rappellent les tableaux de Jérôme Bosch, inspiré par la Divine Comédie de Dante.

Tea Mäkipää, World of Plenty, 2008

Devant World of Plenty, je rêve d’harmonie universelle entre les humains, les végétaux et les animaux, d’harmonie entre les générations : enfants, adultes, vieillards. Une Oeuvre tellement riche que je n’en finis pas de rêver….Emotion heureuse garantie !

En rentrant de la Montagne, si vous ne vous êtes pas cassé une jambe, courez à la Galerie Vanessa Quang ! Avant le 23 mars.     Dîtes-moi si, vous aussi, vous aimez !

A+

Françoise

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Monumenta 2010, Boltanski : Ame sensible s’abstenir

Christian Boltanski, Vitrine de référence, 1971

 Je n’ai pas visité l’instalation monumentale de christian Boltanski, et..je n’irai pas me geler sous la nef du Grand Palais à Paris, transformée en immense lieu de commémoration visuelle et sonore, pour subir un choc physique et psychologique. J’ai interviewé quelques visiteurs téméraires à la sortie : une jeune femme n’a pas supporté, « c’est trop oppressant! ». un jeune homme : « C’est angoissant de voir ce tas de vêtements usagés, hapés par une immense grue et d’entendre le bruit sourd de coeurs battants ;  mais c’est calme et finalement presque apaisant, ce qui est paradoxal ! » Donc, je ne vais pas me rendre malade, même si j’admire cet artiste contemporain fondamental.

Christian Boltanski dans la nef du Grand Palais pendant le montage de “Personnes”, (Reuters)

 En effet, ce bonhomme plein d’humour (voir son interview dans Libération du 30 janvier), bon vivant, aimant la bonne chère et la vodka, etc, contraste avec ses oeuvres présentes dans la collection du Centre Georges Pompidou et dans celle du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne. Sa joie de vivre semble exacerbée par son obsession  de la Shoha, la peur, la conscience de la fragilité de chaque vie humaine. L’énorme tas de vêtements  rappelle ceux des camps de concentration pendant l’holocauste. La question « Que reste-t-il de chaque individu après sa mort ? » est le fil conducteur du travail plastique de l’artiste depuis toujours. Il nous fait ainsi prendre conscience de l’importance de chaque vie humaine, aussi modeste soit-elle. Il pointe tous les génocides contemporains.

Ses installations nous forcent à prendre conscience de la valeur toute vie humaine. Christian Boltanski est un humaniste contemporain bon vivant ! A l’opposé d’Andy Warhol, il ne met en scène aucun personnage célèbre.

Je préfère ses petites installations, déjà très émouvantes! Il tire des individus ordinaires de leur anonymat, chacun ayant sa destinée singulière. Il reste de chaque défunt quelques photos jaunies, quelques vêtements, et objets personnels qui commémorent son existence.

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Urbanités de Patrice Mortier à Lyon Confluence

Patrice Mortier, Zeropolis 2010

L’expo Zeropolis des oeuvres récentes de Patrice Mortier trouve un écrin idéal à la Galerie Olivier Houg, dans ce quartier où les immeubles aux architectures audacieuses poussent comme des champignons.

Une intéressante installation de briques au milieu de l’espace d’exposition symbolise la Ville à construire : il est encore possible de choisir la disposition des immeubles,  leur hauteur, leur configuration, la largeur des avenues…

Zeropolis, c’est aussi la photographie de la mégapole, saisie sur le site d’une webcam en un lieu et un instant précis, mais tellement remaniée par l’artiste à l’ordinateur, puis transposée sur la toile et délicatement colorisée au pinceau, qu’elle acquière une dimension onirique. Même les containers, entreposés sur un quai, comme à Port Rambaud, à peine colorés de tons pastels nous transportent dans un rêve.

Ces villes américaines sont construites sur le même modèle ; seul un indice , un immeuble emblématique,  permet de les distinguer. Comme l’écrit Olivier Houg, « une sensastion de vertige s’empare de nous face à ces toiles » où la verticalité est magnifiée. En revanche, la vision complètement aplatie des bâtiments et du parking d’un supermarché présente une analogie avec « les circuits  électroniques »

Patrice Mortier nous invite à participer à un voyage virtuel et mental, infini. Une vision artistique personnelle  de la globalisation. Sous le charme !

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