Venise : Sérénissime ? romantique ?

Vue sur un canal du Cannaregio

  Il faut choisir son quartier si on ne veut pas être déçu. J’ai bien aimé le Cannaregio, légèrement excentré, loin des foules touristiques, habité par les Vénitiens, calme, charmant, reposant. Je vous recommande l’église de la Madonna dell’Orto, élégante dans le style gothique, briques rouges et statues de marbre blanc. En plus on peut se recueillir sur le tombeau du Tintoret et admirer La Présentation de la Vierge au temple. 

Eglise de la Madonna dell'Orto, Cannaregio

Le Tintoret, La Présentation de la Vierge au temple, XVIème siècle

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pire à Venise, c’est bien la place San Marco !

Piazza San Marco

Franchement, vous trouvez ça beau ? J’admets qu’il faut entretenir les édifices ; mais les immenses bâches publicitaires sont  omniprésentes et gâchent toute l’harmonie de la Piazza ! Je me demande  combien de temps durent les travaux ? Une amie m’a dit que c’était le même spectacle il y a 2 ans. Les pubs ont juste été réactualisées !  

 

Piazza San Marco

Certes, les annonceurs contribuent sûrement  à financer les restaurations ?!  je ne vous montre pas la bâche sans publicité devant un pan de la façade de la Basilique San Marco, ni les palissades entourant le campanile, en travaux également ! Le pompon, c’est de loin le Pont des Soupirs, emballé en bleu par Toyota ! Beaucoup d’Asiatiques prennent des photos ; au premier ou au deuxième degré ??? C’est fou !

 

San Giorgio di Maggiore

Mais si on tourne la tête vers la lagune, vers San Giorgio di Maggiore, alors le spectacle est sublime !

 

 

 

 

Les gondoliers, place San Marco

J’ai beaucoup apprécié les gondoliers, toujours hilares ! Comment peut-on trouver romantique la promenade en gondole  sur les canaux encombrés ? J’ai même vu des embouteillages de gondoles. en revanche, c’est super de se déplacer en bateau-taxi, Motoscafo

Venise est tout de même toujours aussi dépaysante. A ma façon, je suis sous le charme !

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Franz-Xavier Messerschmidt au Louvre : totalement anticonformiste !

F-X Messerschmidt, L'Homme qui baille

  L’exposition  F-X Messerschmidt  au Louvre dure  jusqu’au 25 avril ; si vous ne l’avez pas encore vue, il serait dommage de la manquer. ces sculptures sont rares et la visite, riche en émotions, ne prends pas longtemps. L’écart entre les sculptures officielles, comme le portrait de l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, et les « têtes d’expression » est saisissant. Les premières réspectent  les règles du classicisme, les dernières sont absolument anticonformistes !

F-X Messerschmidt, L'impératrice Marie-Thérèse

vous trouverez tout sur l’histoire dramatique de cet artiste de la deuxième moitié du  XVIIIème siècle,  dans l’article de Thomas Schlesser  du  n° 320 de Beaux Arts Magazine : « Son destin chavire en 1774, quand un poste de professeur à L’académie de Vienne lui est refusé ». Il se replie alors sur lui-même, et sculpte ces étonnantes « Têtes d’expression » en faisant des grimaces devant un miroir. Fait rare à cette époque, ces sculptures ne sont pas des commandes mais des oeuvres marginales. Le matériau, un alliage de plomp et d’étain, est déjà peu courant. L’exagération des rictus nous intrigue. Le crâne chauve, le visage imberbe, absolument lisse, contrastent avec le « plissage » paroxystique mimant, une expression, un sentiment ou un charactère. C’est inquiétant ! Contrairement à Lunettes Rouges  je ne trouve pas ces têtes réalistes ; le rictus est le résultat d’un effort de crispation surhumain pour représenter  une émotion ou un caractère. A mon avis, on est plus dans le domaine du simulacre. Au fil de la visite, l »ensemble m’a mis mal à l’aise. A l’instar de Lunettes Rouges, devant L’Homme qui baille je vois  un homme qui hurle de douleur psychique. Les grimaces sculptées semblent l’expression de tourments intenses. Je vous recommande L’homme constipé ; Oui, vous avez bien lu !  He bien, ça n’est même pas drôle ! Heureusement que l’expo est assez courte. S’il y avait des centaines de visages, tous semblables, aux expressions forcées les plus variées, la visite basculerait dans l’horreur : Ce serait un vrai cauchemard !
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Musée Fabre, Montpellier : pour les oeuvres de Pierre Soulages, bien sûr !

Collégiens devant le mur de verre de la salle Soulages

Après la fermeture de la grande exposition du Centre Pompidou, en mars 2010, en attendant l’ouverture du Musée Soulages à Rodez, prévue pour 2012, où  les inconditionnels de  « l’oeuvre au noir » de Pierre Soulages, peuvent-ils contempler les toiles ? Au Musée Fabre, à Montpellier, dans l’aile récemment construite, qui présente de nombreuses toiles, soit offertes par ce talentueux  natif de la région, soit mises en dépôt. Au dernier étage, en lumière naturelle, totalement isolé du monde extérieur grâce à ces étranges baies vitrées opaques, quasiment seule, j’ai vécu un grand moment de béatitude !

Salle Pierre Soulages, Musée Fabre

Pour moi, cette lumière surgissant des sillons creusés avec divers outils dans le goudron ou  la peinture à l’huile noire, a une dimension spirituelle, symbolisant la lumière née du chaos de la Genèse par la volonté d’une entité transcendentale, peut-être Dieu ! J’ai aussi beaucoup aimé les petites toiles des années cinquante et soixante, celles rappelant les oeuvres de Hans Hartung, avec un motif gestuel, tracé  au brou de noix sur fond beige jaune, motifs à forme géométrique bleus,  rouges…

P. Soulages, années 60

J’adore ce petit tableau ! Ces voiles de bateau nous invitent à une évasion sensuelle . Ne trouvez-vous pas ?

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Musée Fabre, Montpellier : Sauve qui peut ! Daniel Buren est partout !

D. Buren, La Portée, 2007, Musée Fabre

 Vivant à Lyon et à Paris, j’ai l’habitude des espaces urbains conçus par Buren. Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver  à Montpellier les fameuses bandes blanches alternées ! Pas de doute possible, l’entrée du Musée Fabre est signée Daniel Buren ! Je vous montre ici la photo officielle, mais sachez qu’on ne voit jamais l’oeuvre ainsi car on arrive à pied, pas en hélicoptère ! Et puis, l’oeuvre s’est patinée, ce qui n’est pas plus mal, et il y a toujours des passants dans la journée. Franchement, je n’ai pas réalisé  qu’il s’agit d’une enfilade de  cinq carrés, guidant le visiteur de l’esplanade vers l’entrée du musée et les oeuvres. C’est seulement à la lecture de cet article trouvé sur ot-montpellier.fr que j’ai compris. Je ne me suis pas  sentie « transportée » par l’oeuvre, mais agressée en pénétrant  dans  le vestibule.   

DD. Buren, La Portée, 2007, Musée Fabre

 Comme vous pouvez le voir sur la photo, les angles du losange, formé de bandes  blanches de 8,7 cm de  large  remontent sur les parois latérales  rouge sang ; la porte menant au hall s’insère dans une cloison  étroite couleur violette qui jure avec le rouge. A vous faire rebrousser chemin ! Enfin, je suis entrée quand  même, et… deuxième choc : C’est si sombre ! Le sol du hall est noir, les murs immenses, couleur gris béton satiné. Je n’ai pas remarqué le dernier carré de La Portée qui, parraît-il, mène aux salles d’expositions en s’estompant. J’ai plutôt eu l’impression d’entrer dans le tombeau d’un pharaon ! C’est sinistre ! Je plains les personnes qui y travaillent. Ayant demandé au caissier si ça ne lui pesait pas sur le moral, il a répondu : « oh si ! c’est sombre ! » Je trouve que cette oeuvre est « râtée ». Et pourtant, j’aime beaucoup  Les deux Plateaux de 1986 au Palais Royal 

D. Buren, Les deux Plateaux, 1986, Paris

à Paris et  apprécie que l’oeuvre ait été restaurée, un peu choquée tout de même par le coût de l’opération, comme on peut le lire dans Gatsby Magazine. La cour aménagée par Daniel Buren  s’harmonise avec la Galerie d’Orléans et s’offre au public pour flâner, s’asseoir sur les colonnes tronquées et bavarder…Bref, une vraie réussite d’installation artistique en espace urbain ! J’aime bien aussi la Place des Terreaux à Lyon, réaménagée par Christian Drevet et Daniel Buren en 1994. Les bandes blanches de 8, 7 centimètres de large structurent la surface en s’entrecoisant et rythment l’espace pour mettre en valeur le Palais Saint-Pierre – Musée des Beaux-Arts -, l’Hotel de Ville et la Fontaine Bartoldi. Les petits jets d’eau sortant du sol, l’été, de manière  aléatoire, amusent les enfants et les animaux qui viennnent y boirent. Hélas les mini-fontaines sont hors-service depuis deux ans ! A Lyon encore, on peut admirer Sens dessus-dessous de 1994, créé par le plasticien en collaboration avec Jean-Michel Willemotte et Michel Targe, Place des Célestins. Devant le théâtre, grâce à un périscope inversé, on visualise le système hélicoïdal du parking en sous-sol, avec une illusion de mouvement. Je ne vous montre pas de photos ; il faut venir voir !! En attendant, si vous regardez le site internet de Daniel Buren, très bien fait, vous découvrirez l’immense imagination de cet artiste, qui ne fait pas que des bandes blanches, mais d’autres formes géométriques aux couleurs vives. Bon, me voilà réconciliée avec Buren.  Il est humain  et ne réussit pas tout !

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Expo Mondrian/De Stijl à Beaubourg : Tentative de réalisation d’une utopie ?!

Theo van Doesburg, vitrail, appartement d'AndréHorn, Strasbourg, 1928

Je ne vous raconte pas toute l’histoire du mouvement De Stijl dont Piet Mondrian fut un des fondateurs ; c’est très bien fait sur le site du MNAM Centre Georges Pompidou. Passez vite les premières salles, assez ennuyeuses, où tous les visiteurs s’agglutinent devant les premières peintures de Mondrian, et précipitez-vous dans la salle 4 pour admirer les vitraux ! Moyens d’expression privilégiés de cette plate-forme d’artistes, fruits d’une collaboration entre plasticiens, verriers et architectes, ils combinent cloisonnement orthogonal de la forme et couleurs, interaction entre lumière et spatialité. Extraordinaires ! 

Gerrit Rietveld, 1917-1922

 Le Mobilier et les jouets dessinés par Gerrit Rietveld entre 1917 et  1922 sont  très chouettes aussi ! les sculptures de Georges Vantongerloo, les maquettes de maisons….

Gerrit Rietveld, Vilmos Huszar, Composition spatiale colorée, 1923

    J’ai aussi beaucoup aimé les agencements d’intérieur selon les règles du néoplasticisme, ce nouveau langage universel, créé par De Stijl, qui n’utilise que des lignes droites, horizontales ou verticales, noires, se croisant en angle droit et des plans de couleurs primaires qui s’opposent et s’équilibrent avec des plans de non-couleur. Grâce à des vidéos, on peut visiter La Maison Schröder à Utrecht, conçue par Gerrit Rietveld en 1924, ou bien Le Cinéma-danse L’Aubette, à Strasbourg, réalisé par Theo Van Doesburg et Sophie Taüber-Arp en 1928.  On retrouve  l’orthogonalité, l’équilibre dans l’asymétrie. C’est très moderne, et très gai. L’Atelier de Piet Mondrian, 26 rue du Départ, à Paris en 1933,  et la Composition spatiale colorée pour un espace d’exposition de 1923 sont reconstitués dans la salle 18 et on peut y pénétrer. C’est très amusant ! Les enfants adorent ça ; moi aussi. C’est d’autant plus ludique qu’on ne peut pas s’imaginer vivre la dedans ! C’est d’un ascètisme ! Imaginez le confort du fauteuil !? C’est pourquoi je trouve que ce style architectural est une utopie concrétisable uniquement dans le non-lieu de l’atelier d’un perfectionniste à la recherche d’absolu. C’est nouveau pour l’époque,  coloré, drôle mais invivable ! Le Centre Pompidou offre même la possibilité au visiteur ds’appréhender une réalisation d’espace urbain conçu par De Stijl, La Cité dans l’Espacede 1925Qu’en pensez-vous ? 

La radicalité de l’abstraction de Mondrian après 1918 me désespère. Cette orthogonalité  obsessionnelle, l’équilibre monotone des  aplats de couleurs primaires cloisonnées entre les lignes noires sont peut-être l’expression d’une spiritualité, d’une universalité, mais c’est terriblement inhumain ! Ils vous reste encore jusqu’au 21 mars pour aller voir cette expo passionnante et me dire ce que vous ressentez. Regardez aussi le blog myclubdesign.com.

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Traces d’Amos Gitaï au Palais de Tokyo : réussi mais pesant !

Amos Gitaï, Lullaby to my Father, 2011

  « Le lieu donne déjà le contexte » dit Amos Gitaï dans l’interview du 5 février  : En effet, Le palais de Tokyo, construit en 1934, constitué de deux ailes monumentales en arc de cercle, reliées par un portique, a été admiré par les Nazis ; dans les sous-sols ont été stockés les biens juifs spoliés pendant la seconde guerre mondiale. A l’entrée de l’espace d’exposition, avant de descendre, sont affichées des documents d’archives de la vie du Père du cinéaste, Munio Weinraub Gitaï (1909-1970). Préférant être confrontée d’abord directement à l’installation,  je jette un coup d’oeil rapide. C’est un travail de mémoiretrès didactique. Etudiant en architecture à l’école du Bauhaus, Munio Weinraub a été arrêté et convoqué devant un tribunal   par les Nazis en 1933, accusé de « trahison contre le peuple allemand », puis expulsé vers la Suisse .

Aussitôt descendue, ma sensibilité est submergée par les images, les paroles et les sons de vidéos projetées en simultané et en boucle sur les murs lépreux du sous-sol : un extrait du film Free Zone de 2005, Nathalie Portman pleurant ; un extrait de Berlin-Jérusalem de 1989, présentant un violoniste et des danseurs dans les cafés de Berlin des années trente, puis les colines de Jérusalem ;  un extrait de Au nom du Duce de 1994, montrant Alessandra Mussolini faisant campagne pour les élections présidentielles et municipales à Naples. En avançant dans le fond du chantier, je suis saisie par la lecture  de l’acte d’accusation de Munio Weinraub,  le plaidoyer de son avocat, la lecture du bulletin de  santé du prisonnier – aucun détail physiologique répugnant n’est sensuré -, le tout en langue originale ; paroles rythmées par les « tip -tip » de la machine à écrire, enregistrant les actes du procès. Ces quatre scènes sont extraites du film inédit Lullaby to my Father. En plus, on est obligé de regarder à travers des grillages, comme si on était « parqué » – très « Konzentrationslager » !- C’est réussi, car très désagréable et angoissant ! Je me sens oppressée par la violence de l’Histoire collective, illustrée par les drames individuels des personnages. On s’y croirait ! Amos Gitaï tire exceptionnellement parti des sous-sols désafectés du Palais de Tokyo ! Il se sert du parcours de son Père pour nous mettre en garde contre les mouvements néo-populistes xénophobes  dans l’europe d’aujourd’hui. Il utilise avec brio l’art comme moyen de transmission de l’histoire. Ce travail me fait penser à l’installation de Christian Boltanski,  Personnes, au Grand Palais pour la Monumenta 2010, que, volontairement, je n’étais pas allée voir.

Vous avez tout compris !?  Je ne vous recommande pas cette exposition si vous n’avez pas un moral en acier trempé ! Mais c’est une oeuvre instructive pour les jeunes générations, afin qu’elles sachent et n’oublient pas…..  jusqu’au 10 avril 2011

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Yumi Karasumaru : dîner après vernissage de l’expo

13 janvier 2010, au Purple, Lyon 2ème

Après la découverte des oeuvres et la parformance de Yumi Karasumaru à la Galerie Olivier Houg, nous sommes allés dîner.   La jolie femme brune, habillée en noir, au milieu à gauche, c’est Yumi démaquillée ; elle rit tout le temps ! La petite femme brune  au fond à gauche, c’est moi. L’homme à lunettes, le deuxième en partant du fond à droite, c’est Olivier, le galeriste enthousiaste. Une belle tablée d’amateurs d’art  bons vivants !

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Expo Yumi karasumaru à la galerie Olivier Houg, Lyon : la joie de découvrir une artiste japonaise !

35 x 25 cm, encre et acrylique sur toile

Yumi Karasumaru, Tokyo Landscape n. 8, 2010

  Yumi Karasumaru, installée à Bologne, en Italie, travaille sur le thème du Japon, son pays natal. Je suis charmée par ses Tokyo Landscapes,  paysages urbains, inspirés  des quartiers populaires de Tokyo, photographiés par l’artiste lors de ses séjours au Japon. Yumi en recompose les formes sur la toile et les colore une à une, à l’acrylique, de tons pastels et lumineux, résultant de mélanges personnels secrets, à la façon d’un  jeu  d’enfant.    L’originalité : tracées à l’encre de chine, des milliers  de Tokyo Stories, micro-évènements humains, se jouent simultanément dans les interstices des buildings de la mégalopole. Ou bien, en collant le nez sur Tokyo Landskape, n. 10, de 2010, on distingue de minuscules dessins : le Père Noël sur son traîneau, un canard à roulettes, deux ours en peluche, un petit robot… Je ne trouve pas  les couleurs « fluo » ou « flash pour un rendu très pop », comme l’écrit Rodolph Koller sur webzine.com ,mais plutôt délicates et sensibles, suggérant une émotion particulière ; des couleurs de contes de fées !

162 x 126 cm

Spring has come ! (Haru Ga kita !),2005-2009

  L’autre thème du travail de Yumi Karasumaru exposé à la galerie concerne les Paysages anthropologiques : images traditionnelles, pâlies par le temps, d’écoliers et d’écolières avec leurs petits cartables, d’adolescents, Spring has come (Haru Gahita !). Je n’aime pas trop les petits portraits d’enfants ou de jeunes filles  que l’artiste  colore joliment en vert, rose, jaune,  mauve ou turquoise, au gré de son imagination. Les enfants des Doll Series  écarquillent de grands yeux ronds, froids ou méchants…un peu inquiétants, comme dans les Mangas.. et je ressens  un deuxième degré angoissant.

 
 

Yumi Karasumaru, le 13 janvier 2011, Galerie Olivier Houg, Lyon

 Yumi Karasumaru est aussi une performeuse talentueuse. Le soir du vernissage, un public de Lyonnais intrigués et émus – dont je faisais partie – a pu assister à ce spectacle. L’artiste, toute habillée de blanc, sauf les chaussures, noires, et les cheveux, le visage maquillé de blanc, lit d’une voix suave trois histoires en japonnais, inscrites sur de longues feuilles de papier roulées, jonchant le sol, à la fin. Récits de drames vécus, de crimes, ou inspirés des contes et légendes de son pays !

Le sang, rouge, coule, éclabousse. Pendant la lecture des motifs lumineux colorés sont projetés sur le personnage blanc ; pendant la traduction en français, s’élève le chant aigü et mélancolique de l’artiste. Vous pouvez voir la vidéo de cette performance à la Galerie jusqu’au 3 mars 2011, et toutes les toiles que je ne peux vous montrer.

Il ressort du travail de Yumi Karasumaru une réalité de la culture et de la société japonaise. La tension entre tradition et mode de vie contemporain donne tout son charme à l’oeuvre !

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Art et Entreprise : Une entreprise artistique critique « OUEST LUMIERE »

Les relations entre l’art et l’entreprise se déclinent en thèmes bien connus : politique de mécénat, fondation, résidence d’artistes, art utilisé comme détour pour résoudre un problème managérial…..

Loin des clichés romantiques, nous pouvons aussi faire un parallèle entre l’artiste et l’entreprise.  Comme cette dernière, il a des fournisseurs, des clients, des partenaires, des intermédiaires. Il doit toujours se réinventer ; l’imagination et l’action servent la créativité de l’un comme de l’autre ! Les artistes, eux aussi, évoluent dans un univers concurrentiel stimulant – pensons aux relations entre amitié et compétition entre Picasso et Matisse – Ils doivent faire de la promotion… avoir une sorte de « stratégie de marque« , développer de nouvelles perspectives dans un univers mondialisé…et gagner leur vie/de l’argent.

Yann Toma, Flux radiant au Rajastan, Inde,2008

       Le travail de l’artiste-chercheur Yann Toma, Président à vie de l’entreprise Ouest Lumière pointe ces enjeux. Comment résumer la conférence d’une heure trente publiée le 7 novembre 2009 sur Dailymotion ? En 1991 Yann Toma occupe le site désaffecté d’une ancienne entreprise de distribution d’énergie  à Puteaux, près de Paris. Cette activité ayant été nationalisée en 1946, il réactive le nom « Ouest Lumière », puis rachète Est Lumière, Nord Lumière et Sud Lumière, acte artistique entrepreneur. Il accomplit un travail d’archivage et de documentation des objets trouvés sur le site. En 2000 il achète un ancien transformateur pour entreposer les archives reconstituées de l’entreprise disparue, acte de post-modernité industrielle, puis développe Ouest Lumière comme entreprise fictionnelle, dessine un nouveau Logo « qui ne veut rien dire ». L’ activité d’Ouest Lumière est la distribution d’énergie artistique. Les oeuvres crées, comme cette installation  Flux radiant, sont les produits dérivés. Ouest Lumière a des actionnaires venant de toutes les classes sociales, un conseil d’administration, un comex, des abonnés radieux, différentes directions et services, présentées en schémas compliqués. Le président Yann Toma et ses colaborateurs organisent des campagnes de publicité, investissent dans la recherche…. Les actionnaires peuvent souscrirent des parts de jouissance, facteur de jubilation… Yann Toma est intarissable ! Entreprise poétique, parodie de l’entreprise, entreprise critique… Il utilise le vocabulaire entrepreneurial en le détournant. Yann Toma est aussi chercheur au CERAP (Centre d’Etudes et de Recherches en Arts Plastiques) à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Je trouve cette démarche artistique, riche de sens multiples, très intéressante car elle pose plein de questions.  Et vous, qu’en pensez-vous ?

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Henry Moore au Musée Rodin : un peu déçue

Locking Piece, 1963-64

  Etait-ce parce qu’il faisait si froid  ce samedi de décembre ? Etait-ce parce que j’avais d’abord emmené mon ami américain visiter l’Eglise Saint Louis des Invalides et le colossal tombeau de Napoléon 1er ? Nous arrivons  gelés au Musée Rodin. La caisse passée, nous nous arrêtons dans la cour de l’hotel Biron devant cette sculpture d’Henry Moore, Le Verrou, et mon ami me demande :  » C’est en quoi ? C’est pas une vraie ! » Au sens propre, le matériau choisi par l’artiste fait « toc« . La  fibre de verre parraît encore plus choquante devant  ce bâti en pierres du XVIIIème siècle. Je me sens gênée. Pourtant, les deux formes imbriquées sont sensuelles et un peu effrayantes ;  elles me font penser à une tête d’éléphant évolutive. L’Arche de 1969, montée en face, est tout aussi décevante, pour les même raisons. Alors nous entrons dans l’hôtel particulier pour nous réchauffer et revoir les marbres extraordinaires d’Auguste Rodin et de Camille Claudel. Un vrai bonheur ! La finesse des visages et des mains, l’expression subtile des visages et des corps… et la préciosité du matériau ! Bon, il faut bien quand même aller voir l’atelier d’Henry Moore, sculptures et dessins, même si les pièces monumentales de la cour ne nous encouragent pas.

Henry Moore, Head, 1939

L’espace est étroit, encombré….intime comme un atelier d’artiste, celui d’Henry Moore à Perry Green.  L’ensemble, réuni par les commissaires Anita Feldman et Hélène Pinet, est très didactique : le visiteur peut comprendre comment la pensée du sculpteur évolue à partir de débris trouvés dans la nature, cailloux, coquillages, ossements,  etc. Ils lui inspirent des  formes humaines qu’il réalise ensuite en plâtre teinté de différentes nuances. Le parcours de l’exposittion est très bien explicité sur le site artactu.com. C’est intéressant, mais difficile à voir, car il y a du monde devant les petites vitrines , et on manque de recul pour apprécier   Reclining Figure: Angles, de 1979, coincée au centre de la salle à côté d’autres grandes figures en plâtre.  Ce matériau modeste acquière par les mains de Moore un aspect coloré, poli, brillant, étonnant !  J’aimerais voir les bronzes immenses dans le parc de la fondation Henry Moore, près de Londres, au printemps.

Encore une fois, la sculpture est une question de formes, de volumes et de matériaux. Les mêmes formes ne produisent pas du tout le même effet selon le matériau utilisé. Je m’étais fait la même réflexion en visitant l’exposition Arman à Beaubourg.

Je retournerai peut-être au Musée Rodin d’ici le 27 février, pour essayer de voir cette expo dans de meilleures conditions ; et je commencerai par l’atelier !

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